Le 13 mai dernier, le gouvernement prĂ©sentait avec autosatisfaction le bilan de sa stratĂ©gie « Ecophyto 2030 ». Pourtant, la rĂ©alitĂ© est alarmante. Pour RĂ©gis Taisne, chef du dĂ©partement « cycle de lâeau » Ă la FĂ©dĂ©ration nationale des collectivitĂ©s concĂ©dantes et rĂ©gies (FNCCR), « les mesures concernant la protection des captages dâeau ne sont pas Ă la hauteur de lâurgence de la situation ». En 2023, une personne sur cinq a bu une eau non conforme, dans un silence politique prĂ©occupant. La feuille de route « captages », publiĂ©e en mars, arrive tard et sans ambition suffisante.
đž Ă lâĂ©chelle locale, certains Ă©lus rĂ©agissent. Ă Beuzevillette en Normandie, le maire Yan Bastida refuse que les consommateurs paient seuls le coĂ»t de la dĂ©pollution. Il propose que les producteurs dâintrants chimiques, notamment de pesticides, soient mis Ă contribution pour financer les stations de traitement. Une approche fondĂ©e sur le principe pollueur-payeur, encore trop absent du dĂ©bat public.
â ïž Pendant ce temps, Arnaud Rousseau, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats dâexploitants agricoles (FNSEA), appelle Ă des manifestations Ă partir du 26 mai pour soutenir une proposition de loi qui vise à « lever les contraintes » pour les agriculteurs. Il dĂ©clare : « AprĂšs avoir manifestĂ©, travaillĂ©, subi tout ce qui se passe sur le plan politique (…), les promesses qui nous sont faites ne sont pas lĂ et câest intolĂ©rable pour nous ». Le texte, portĂ© par le sĂ©nateur Laurent Duplomb (Les RĂ©publicains), cherche notamment Ă assouplir lâaccĂšs aux pesticides, en contradiction totale avec lâexigence de protection de la ressource en eau.
« Lâeau, ce miroir de notre sociĂ©tĂ©, reflĂšte ce que nous choisissons de protĂ©ger⊠ou dâabandonner. » â Libre adaptation inspirĂ©e dâIrene Joliot-Curie
Entre lâexigence de responsabilitĂ©, la mollesse de lâĂtat et la pression des lobbies, notre politique de lâeau est Ă la croisĂ©e des chemins. Il est temps de trancher : voulons-nous dĂ©fendre la santĂ© et les Ă©cosystĂšmes ou perpĂ©tuer lâimpunitĂ© des pollueurs ?