Par MAxime GhesquiĂšre, membre de la Commission Locale de lâEau du SchĂ©ma d’AmĂ©nagement et de la Gestion de l’Eau (SAGE) Estuaire de la Gironde et Ă©lu de Bordeaux MĂ©tropole
Le 17 avril 2025, le bureau de la Commission Locale de lâEau (CLE) du SAGE Estuaire de la Gironde et milieux associĂ©s a rendu un avis rĂ©servĂ© sur le projet industriel de pisciculture portĂ© par la sociĂ©tĂ© Pure Salmon. Cet avis a Ă©tĂ© votĂ© Ă 10 voix pour, 7 contre et 1 abstention.
Jâai votĂ© contre, car selon moi, le dossier prĂ©sentĂ© de plus de 2000 pages soulĂšve des incompatibilitĂ©s majeures avec les rĂšgles environnementales valider collectivement dĂ©finies dans le SAGE. Il nâest pas question dans ce billet de blog dâopposition de principe, mais dâune lecture rigoureuse et documentĂ©e des enjeux Ă©cologiques, hydrologiques et halieutiques de ce projet.
â Trop de rĂ©serves, trop de flou
Lâavis votĂ© liste de nombreuses rĂ©serves Ă lever. Certaines sont dâordre technique, dâautres sont au cĆur mĂȘme de notre SAGE :
Aucune étude sérieuse sur la biodiversité estuarienne, notamment sur les frayÚres de maigres et de soles, pourtant connues dans cette zone selon le Parc Marin.
- Aucun état initial des habitats benthiques sur le site de rejet.
- Aucune modĂ©lisation des effets cumulĂ©s du rejet sur une masse dâeau dĂ©jĂ en mauvais Ă©tat Ă©cologique et chimique.
- Des prĂ©lĂšvements importants dans une nappe en interaction avec lâĂocĂšne, sans modĂ©lisation complĂšte ni plan de suivi formalisĂ©.
- Pas de protocole défini pour le suivi environnemental post-installation.
Ces lacunes ne sont pas mineures. Elles touchent Ă la rĂšgle R5 du SAGE sur la prĂ©servation des espĂšces aquatiques, Ă la rĂšgle R4 sur le non-aggravement de lâĂ©tat des masses dâeau, et Ă la rĂšgle R1 sur la dĂ©monstration de compatibilitĂ©.
đż Une zone naturelle ignorĂ©e
Le site du projet se situe dans la Zone Naturelle dâIntĂ©rĂȘt Ăcologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type I de la Conche de Neyran, reconnue au niveau national. Pourtant, aucun Ă©tat Ă©cologique actualisĂ© nâa Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Cette omission est prĂ©occupante, surtout Ă proximitĂ© immĂ©diate de frayĂšres sensibles. Ăcarter une telle zone du raisonnement environnemental affaiblit la crĂ©dibilitĂ© du dossier.



âïž Un avis rĂ©servĂ© qui affaiblit la portĂ©e de notre SAGE
Donner un avis rĂ©servĂ©, câest laisser penser que les rĂ©ponses viendront plus tard. Mais nous avons suffisamment dâĂ©lĂ©ments aujourdâhui pour dire que le projet nâest pas compatible en lâĂ©tat.
Voter contre, câest refuser dâaccepter quâon sâĂ©loigne, petit Ă petit, de nos engagements environnementaux.
đ DĂ©fendre lâestuaire, câest respecter les rĂšgles que nous avons nous-mĂȘmes adoptĂ©es
Lâestuaire de la Gironde est un milieu unique et vulnĂ©rable, dĂ©jĂ soumis Ă de fortes pressions. Nous avons la responsabilitĂ© collective de garantir que chaque nouveau projet respecte les rĂšgles communes.
Je continuerai, avec dâautres, Ă dĂ©fendre lâexigence environnementale, dans le respect du dialogue, mais sans compromission sur le fond.
« En écologie, le doute est une certitude précieuse. »
â MAxime GhesquiĂšre
Merci pour cette contribution qui va dans le sens de l’impact trĂšs fort du chantier (3 ans) : franchissement de zones compensatoires par les engins divers; rejets dans l’estuaire des eaux des centrales Ă bĂ©ton et des eaux pluviales, dans la conche de Neyran, via un cours d’eau bien connu des Verdonnais, le chenal du Logit de Rambeaud, que l’on voit bien sur les cartes.